Andrea Navagero (1483-1529) : Les yeux d’Hyelle

Détaile de la Naissance de Vénus (Botticelli, 1485)

Naissance de Vénus (Botticelli, 1485)


Je n’ai, Soleil et Nuit, de vous plus rien à faire,
Nuit, jour, ce n’est plus vous qui me les dispensez.
Le soleil peut, en feu, sur son char à crins d’or,
Émerger du giron de la mer d’Orient,
La nuit noire étaler ses muettes ténèbres :
C’est Hyelle qui donne à mes yeux nuit et jour.
Quand elle me soustrait de ses yeux radieux,
La nuit, même de jour, ténébreuse m’accable,
Mais quand elle m’attrait de ses yeux radieux,
M’éblouit, fût-ce au plein de la nuit, le jour clair.


Nil tecum mihi jam, Phoebe, est, nil nox, mihi tecum :
A vobis non est noxve diesve mihi.
Quantum ad me, ut libet auricomo sol igneus axe
Exeat Eoae Tethyos a gremio ;
Et libet, inducat tacitas nox atra tenebras :
Fert mihi noctem oculis, fert mihi Hyella diem.
Nam quoties a me nitidos avertit ocellos,
Ipsa in luce etiam nox tenebrosa premit.
At quoties in me nitidos convertit ocellos,
Candida et in media fit mihi nocte dies.

(in Andreae Naugerii opera omnia [1754]  pp. 190-191)


Cette traduction originale, due à Lionel-Édouard Martin, relève du droit de la propriété intellectuelle.  Il est permis de la diffuser, à la condition expresse que le nom du traducteur soit clairement indiqué.


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